Eddy au métro "Belleville" Le "P'tit Claude"
1- Présentation
L'exergue due à Michel Audiard qu'à choisie Eddy Mitchell lui ressemble assez : « Un intellectuel assis ira toujours moins vite qu'un con qui marche. » C'est son humour très ironie caustique qui ressort ici et est encore plus explicite dans l'autre citation empruntée au Traité du zen sur L'entretien des motocyclettes1.
Celui qui se présente en 2010 comme futur retraité du music-hall français est un parisien de souche et a grandi dans le 19e arrondissement, entre la Place des Fêtes et le Boulevard d'Algérie où à l'époque finissait le Paris intra-muros. Dans son livre, il écrit : « Derrière l'ultime trottoir se trouve une sorte de jungle, moitié glaise, moitié talus pelés, à l'abandon. Une population de sans-logis, gitans, Arabes, clodos, la foule des indésirables s'y est installée : voici les fortifs. »
Dans l'une de ses chansons de son album Come Back inscrite au récital de L'Olympia Avoir 16 ans aujourd'hui, il évoque cette époque dorée et révolue de l'après-guerre, celle de sa jeunesse, vécue par des adolescents insouciants, « l'avenir semblait docile » chante-t-il, qui ne connaissaient rien des 'trente glorieuses'. Son scepticisme transparaît une nouvelle fois, qu'on retrouve dans une autre chanson de ce disque où il chante : « Tu vis à côté de ta vie, tu la traverses comme un zombi. »2
Ce P'tit Claude, c'est lui Claude Moine le gamin de Paris, c'est dire si ce livre présenté comme un roman est éminemment autobiographique.
2- Descriptif et Contenu
Ciné Trianon
Dans son roman, Eddy Mitchell nous entraîne dans le sillage des trois 'titis' parisiens, P'tit Claude le héros du livre, Marcel et Jean-Pierre, des 'potes' du quartier de Belleville dans une période qui couvre la période 1950-1970. En 1956, ca quartier a des allures de western, ils vivent à Belleville mais dans leur tête, ils sont ailleurs, ils sont à Nashville3.
Leur vie d'alors, c'est l'Amérique à portée de main, la découverte de du rock'n'roll bien avec Rock around the clock et les premiers succès de Bill Haley, les filles aux bas nylon, les premiers 'transistors' qui précédaient les premiers 'électrophones', invention capitale pour eux qui mettait à leur portée tout le répertoire de la chanson américaine, leur permettant de l'écouter 'entre eux' et plus seulement dans les bars où beuglaient les juke box. Leur quartier général, c'est la Place des fêtes, cette place du 19e arrondissement où ils faisaient 'pétarader leurs mobylettes', comme le chantera aussi Eddy Mitchell4.
Ils se réunissent entre eux à l'abri des 'fortifs' ou dans les petits bistrots alentour pour discussion, pour blaguer et surtout pour écouter de la musique, sujet encore plus important que le foot. C'est aussi la famille, les parents qui adorent la musique, le père qui va faire partager ses passions à ses fils qu'il emmène au cinéma qui marquera tant Eddy Mitchell dans La dernière séance, chanson mythique qui le conduira à faire une émission télé sur le thème des vieux films américains... de préférence des westerns et à sortir un disque intitulé Grand écran, reprises des chansons des grands films de cette époque. Il découvrira aussi deux autres univers qui le passionneront : la bande dessinée. et le roman policier avec les 'Séries noires' qu'il empruntaient à son père qui en avait toute une collection « dont le fameux La môme vert-de-gris de Peter Cheyney. »5
Les références aux films de l'époque sont nombreuses. Pépé a un sourire charmant genre Tony Curtis dans La grande course autour du monde puis carnassier genre rictus de Burt Lancaster dans Véra Cruz. Luriel, l'amie de Claude, préfère le cinéma aux interminables parties de poker de la bande. Elle décide d'aller voir Son préféré Robert Redford dans Willie boy bien que Claude lui eût plutôt préconisé Randolf Scott dans Sept hommes à abattre. Dans le dernier chapitre, il nous dit que Claude « avait gardé la nostalgie des repas dominicaux » quand chacun poussait la romance à la fin du repas et que bien entendu, Claude devait sacrifier à la tradition, chantant Ça bardait d'un de ses acteurs-chanteurs préféré Eddie Constantine 6. Des habitudes qui cimentent les familles et des souvenirs attendris comme ce rituel consistant à offrir un bouquet de roses à sa mère.
La rue de Belleville
3- Bibliographie
- Biographies
- Eddy Mitchell par Pierre Bénichou, PAC Éditions, 1977
- Mitchell Eddy par Christian Page, Bréa Éditeur, 1983
- Tout Eddy par Jean-Marc Thévenet, Albin Michel-Canal +, 1994
- Chorus, Les Cahiers de la Chanson n° 18, dossier de Marc Robine, Chorus, 1996/1997
- Les photos collectors, texte de Fabien Lecœuvre, éditions Ramsay, 2004
- Chic & frenchy de Sam Bernett, Éditions Albin Michel, 2004 M'sieur Eddy et moi, par Alain Dugrand, Éditions Fayard, 2005
- Eddy Mitchell
- Galas, galères, Autobiographie signée Eddy Mitchell, Jacques Grancher Éditeur, 1979
- Poésies et chansons, Monographie de Chantal Pelletier, éditions Seghers, 1982
- Cocktail story, recettes de cocktails et anecdotes d'Eddy Mitchell, R.M.C., 1986
- P'tit Claude, Roman d'Eddy Mitchell, Éditions Arbre à Cames, 1994 et Presse pocket
- Les chansons de Mr.Eddy,18 chansons d'Eddy en bande dessinée, Soleil Éditions, 2003
- L'argus Eddy Mitchell, discographie et cotations par Daniel Lesueur, Éditions Alternatives, 2004
Angle rue Mouzaïa, bd Sérurier
Notes et références
- Voilà la phrase citée : « Si vos réflexions sur l'écrou vous ont amené à le considérer comme une combinaison de rigidité et de serrage... vous en viendrez tout naturellement à la solution simple : le recours à un outil ou à un dégrippant, solution qui ouvre la voie de la qualité. »
- Voir Philippe Corcuff, Les désillusions excluent-elles le rêve? Le blues d'Eddy Mitchell, in La société de verre. Pour une éthique de la fragilité, Paris, Armand Colin, 2002, pp.107-116
- Voir la chanson Nashville ou Belleville dans l'album Racines sorti en 1984 et son thème éminemment biographique
- Dans une adaptation d'une chanson d'Elvis Presley intitulée Et la voix d'Elvis sur des paroles d'Eddy Mitchell (Claude Moine)
- Il rendra aussi hommage à sa mère dans sa chanson intitulée M'man où il chante notamment : « M'man, J'viens tout juste d'avoir mes quatorze ans. J'veux plus d'école : j'suis devenu grand. J'te promets j'te gagnerai plein d'argent... »
- Eddy Mitchell reprend ce thème dans sa chanson intitulée L'idole chante au dessert extraite de l'album Racines (1984)
- Les Chaussettes noires, 100% rock, Éditions P.A.C., 1970
- Eddy Mitchell : Les Photos collector, Fabien Lecoeuvre, Éditeur Vade Retro, Collection : Photos Collector, mars 2004, 144 pages, ISBN 2847630090
- M'sieur Eddy et moi
- « M. Eddy, très en voix et en toute élégance » Article du Monde, 2010
- Eddy Mitchell et Belleville et Eddy Mitchell : Bibliographie
- Michell-City
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