jeudi 3 décembre 2020

Eddy Mitchell, Le dictionnaire de ma vie

 Référence : Eddy Mitchell, Eddy Moine, Le dictionnaire de ma vie, éditions Kero, 216 pages,  7 octobre 2020

 

Soixante ans de carrière, une vie bien remplie, finalement avec plus de hauts que de bas, entre la famille, surtout ses trois enfants bien sûr, ses potes, (important pour un mec qui a la fidélité chevillée au corps), la chanson évidemment et le cinéma pour une dernière séance qui n’en finit pas.

Eddy Mitchell de A à Z dans « Le Dictionnaire de ma vie », écrit par son fils Eddy Moine auquel il a confié ses souvenirs. Un menu fort éclectique reprenant toutes les lettres de l’alphabet, essentiellement à travers l’enfance de "P’tit Claude" [1], l’ado fou de rock et de cinéma (il l’est resté fou… et ado), à travers ses humeurs et ses coups de gueule.

                 

À ses côtés, on se balade dans les moments forts de sa vie et de sa carrière. Des Chaussettes noires (Si, si, rappelez-vous… le grand blond au centre, avec une chaussure… non, des chaussettes noires) jusqu’aux Vieilles Canailles avec ses deux potes de leur quartier parisien.

     
                                           Avec sa femme Muriel, son fils Eddy et sa belle-fille

N’allez pas chercher des secrets révélés, du buzz, ce n’est pas le genre de la maison. Ce sont plutôt des anecdotes, des réflexions bien senties qui font le sel de ses souvenirs qu’il égrène au gré des mots-clés choisis comme thèmes de présentation. Le gosse de Belleville a donné naissance au chanteur-rocker-crooner, de Chuck Berry à Franck Sinatra, avant de dégainer sa plume pour ciseler des textes plus personnels avec l’ami Pierrot (Pierre Papadiamandis). [2]

     

« L’autodidacte que je suis éprouve une grande méfiance envers les intellos, les fonctionnaires, l’armée… »

Autodidacte soit, c'est la vie qui a décidé qu'il commencerait ainsi mais ça ne l'a pas empêché ensuite de réussir dans la chanson, le cinéma, quelques bouquins aussi, malgré les lacunes qu'il constate. Ses débuts, c'est chanter dans des boîtes comme Le Petit Jardin ou La Flèche d'or avec un gamin de 15 ans qui chantait "Ah les femmes" d'Eddie Constantine comme un adulte.

Des souvenirs inoubliables : « Le Tahiti et de sa piste flottante, du côté de Clichy, avec un parquet pour danser et de l'eau en dessous, Le Petit Jardin avec son orchestre au balcon et le chanteur en bas avec une corde à ses côtés... qui servait à grimper au balcon en cas de bagarre... »

                         

Petit nostalgie à l'évocation de son enfance à Belleville, les copains, le rock, les cinés, mais malheureusement, déplore-t-il, tout ça est bien loin, c'est moins sympa, gangrené par la came. Le quartier n'est plus ce qu'il était.

Avec Pierre Papadiamandis

Côté chanson, sa préférée c'est Le Cimetière des éléphants (voilà sans doute pourquoi il en a enregistré 2 versions). Côté chanson et amitié, c'est Johnny bien sûr. Il aime rappeler leur première rencontre quand, crime de lèse-rock, le Johnny essaie de lui cravater des 45 tours de Gene Vincent, Bill Haley et Little Richard ! C'est ainsi qu'ils sont devenus potes. Comme quoi...
Près de 60 ans et sans embrouilles.
Il nous raconte quelques anecdotes comme celle de la super guitare que Johnny lui demande de lui rapporter des États-Unis et qu'il s'empresse de jeter dans la foule lors d'un show...

         
Avec sa femme Muriel                   Avec sa première femme Françoise

Côté coups de gueule, il s'élève contre les interdits qui bouffent notre quotidien, contre ceux qui grignotent la liberté d'expression, ces fichus réseaux sociaux où on peut dire n'importe quoi sous prétexte d'anonymat et les politiciens qui ne font pas grand chose pour empêcher ça.
Les politiques, ce n'est pas sa tasse de thé, même de Gaulle passe à la trappe. Seul en réchappe Michel Charasse, devenu un ami, qui l'avait aidé quand il était allé chanter pour des troufions en Arabie saoudite, dans un pays qui n'aime pas le rock.

         
Ses deux filles Pamela (à gauche en rouge) et Maryline avec lui

Côte bouquins, c'est assez décousu, le coupable c'est son père qui ramenait chez eux des livres de chez Gallimard, des invendus ou avec des défauts. Son univers, c'est le roman noir américain [3] bien sûr et aussi Céline que, dit-il, William Faulkner a dû beaucoup lire, mais aussi Baudelaire pour son style incomparable. C'est ce qui l'intéresse, le style, surtout quand il est cursif, synthétique.


Muriel et Eddy entourent Pamela

Côté États-Unis, ce n'est plus ça et « le rêve américain est bien loin ». Il n'aime pas beaucoup les grandes villes comme New-York ou  Los Angeles, leur préférant des lieux plus préservés tels que l'Arizona ou le Nouveau-Mexique. Le cinéma hollywoodien est bien loin désormais de ce qu'il était naguère et même la façon de vivre des américains ne lui plaît guère.

Voilà, tout est dit (ou Tout Eddy comme vous voulez). S’il n’en reste qu’un...


Avec Joe Dassin                                               Avec sa filleule Laura Smet

Notes et références
[1] Voir l’article que j’avais fait à l’occasion de la parution de cette autobiographie.
[2] Pianiste et compositeur d'Eddy, il a écrit plus d'une centaine de chansons pour lui (dont La Dernière séance et Couleur menthe à l'eau) depuis J'ai oublié de l'oublier en 1966.
[3] En particulier, James Hadley Chase, Raymond Chandler, James Cain

Voir aussi mes fiches
* Eddy 2015 -- Eddy "Héros" -- Eddy, Fiche synthèse --

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<< Ch. Broussas, Eddy Dico 29/11/2020 © • cjb • © >>
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