Nashville ou Belleville, choix cornélien s’il en est, « Boulevard Elvis, / Au cœur de Memphis / J’traîne là en touriste… »
À partir de 1974, Eddy revient au rock, ses racines. C’est ce qu’il confirme dans un livre autobiographique paru en 2012 et intitulé " Il faut rentrer maintenant ". [1] Le succès va renaître à travers ses premiers albums "nashviliens" « Rocking in Nashville » en 1974 et « Made in USA » l’année suivante.
Rocking in Nashville , 1974, studio Cinderella Madison Tennessee à Nashville, Tennessee,
C’est son quinzième album, un succès après le flop de Ketchup Électrique l’année précédente.
Album de reprises, il est basé sur 4 chansons de Chuck Berry, À crédit et en stéréo, C’est un rocker, C’est la vie mon chéri et Bye bye Johnny be good, que comme souvent Eddy
a adaptées et qui connaîtront le succès. Sa carrière est relancée, lui
qui dit dans une chanson « qu’il ne deviendrait jamais une superstar. »
À part les chansons de Chuck Berry, "Fume cette cigarette" une autre adaptation d’Eddy connaîtra aussi un beau succès, une musique country sur un texte qui dénonce l’addiction au tabac.
Un accessit aussi à "La ballade de Bill Brillantine", histoire d’un mauvais garçon repenti, chanson bien française d’Eddy sur une musique de Frédéric Mercier, une rythmique très élaborée, très "groove" diraient les musiciens.
Made in USA, 1975, studio Cinderella, studio Woodland, Nashville, Tennessee et Sound Studio, New York
Son album suivant Made in USA repose sur deux chansons très "danse", Rythm and Blues, Je vais craquer bientôt (Eddy, Papadiamandis) et Je ne sais faire que l’amour de l’ami Charly mac Coy. Cette fois, à une exception près, tous les textes sont signés Eddy Mitchell. (Claude Moine si vous voulez). Beaucoup d’adaptations signées encore Eddy (quel bosseur !), 9 au total dont deux de Chuck Berry et "Seul est l’indompté", une excellente adaptation de la chanson Wichita Lineman, composée par Jimmy Webb, sur un texte de Boris Bergman.
Des chansons intéressantes donc, "Une Terre Promise" fort bien adaptée, "Le Prochain Train" bien rythmée, les "Mauvais Côtés" et "Merci la Vie" avec leurs généreuses voix féminines, chœurs féminins à l'accent improbable), à la vraiment excellente sur "Un sourire ou un au revoir", un titre de Jerry Lee Lewis, même si avec La maison hantée, Les traîne-tard ou encore Écoute Coco, tout n’est pas au diapason.
Rocking in Nashville Live Ne changeons rien
Sur la route de Memphis, 1976, studio Cinderella Madison Tennessee à Nashville, Tennessee,
En 1976, c’est l’un de ses plus grands succès « Sur la route de Memphis », l’album parfait dirons certains, titre éponyme de la chanson phare de l'album, reprise de la chanson de Tom T. Hall : « That's How I Got to Memphis » parue en 1968. Cet opus contient d'autres reprises comme « Hey! Miss Ann » de Little Richard de 1957 ou « Sirop rock & roll » de son idole Chuck Berry de 1958. On y retrouve également deux tires des compères Eddy et Papadiamandis, le tube « La fille du Motel » et « J’aime, j’aime pas »... que j’aime beaucoup. On peut aussi retenir une composition de Mort Schuman et de Christophe, la reprise de la chanson de la chanteuse Bobbie Gentry, [2] « La Marie-Jeanne » ainsi qu’un ajout, le célèbre « Pas de boogie woogie » paru en 45 tours.
Albums Rocking in Nashville Made in USA Sur la route de Memphis
Puis ce sera un mélange de rock/crooner country, qui sera désormais sa marque, avec « La dernière séance » en 1977. En 2010, le magazine "Rolling Stone" a classé « Sur la route de Memphis » au 18e rang des 100 plus grands albums de rock français. Cette chanson, dont Eddy a signé la version française, a été reprise en particulier par son pote Johnny Hallyday en 1996 et par Roch Voisine en 2008.
Album La dernière séance Album live Eddy Rocker Album Happy birthday
La dernière séance, 1977, studio Cinderella Madison Tennessee à Nashville, Tennessee,
Chanson phare du répertoire d’Eddy, La dernière séance a marqué sa carrière. Un album dominé par Charly Mac Coy (3 chansons), Pierre Papadiamandis (4 chansons) dont La dernière séance et des adaptations de qualité, avec surtout Et la voix d’Elvis.
À noter que dans cet album tous les textes sont d’Eddy.
En
fait, je crois que sa chanson phare a connu un tel succès qu’elle a
laissé dans l’ombre d’autres chansons fort intéressantes de cet album.
D’abord, "Laisse Tomber Le Ciel" (Eddy, Mac Coy), dans l’esprit d’un "Boogie Woogie" plutôt gospel, et deux adaptations d’Eddy, "La Colline de Blueberry Hill", une ballade country ainsi que "Charlie Brown" avec un saxo impeccable.
Ensuite, une chanson très mélodique, caillou dans la chaussure des bienpensants, "Sens Unique" et "Le Chanteur Du Dancing", aux harmonies accrocheuses pour décrire « un homme qui n'est rien. »
À noter la subtile utilisation du piano électronique (le Fender Rhodes) pour ajouter une couleur musicale spécifique.
Manque de toi Album live Eddy lover Tu peux préparer le café noir
Après minuit, 1978, studio Cinderella Madison Tennessee à Nashville, Tennessee, et studio Fire Side à Nashville, Tennessee
Cet album est basé sur le duo Eddy Mitchell-Pierre Papadiamandis qui signent 7 des 11 titres présentés, dont le titre vedette "Il ne rentre pas ce soir" ainsi que deux superbes réalisation du duo, "Je ne suis pas un géant" et "Un barman".
À noter, un titre bonus, Au camp du bonheur, une adaptation d’Eddy émis uniquement en 45 tours.
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Un album à l’ambiance assez sombre à l’image de la pochette, avec des textes inégaux, excellents pour les titres les plus connus, discutables pour des titres comme "Les Pattes Folles" ou le "Petit Mickey". Par contre de belles adaptations comme Après minuit (After midnight) de JJ Cale et Du blues, du blues, du blues de Michel Jonasz, complétées par deux belles ballades, "Je ne suis pas un géant" et la peu connue "Même Les Héros". |
C’est bien fait, 1979, studios Fame de Muscle Shoals, Nashville
Certain trouvent que cet album n’est pas à la hauteur des précédents, à part son adaptation de Tu peux préparer le café noir ("Every Day I Have To Cry") et dans une moindre mesure "Comment ça fait" ("Not Fade Away"). Des musiques qui manquent parfois un peu de muscle des textes où Eddy se laisse un peu emporter par son élan, sans le petit scénario qui signe ses meilleures chansons... comme Trop c’est trop ou C’est bien fait.
Il égraine également sa nostalgie rock'n'roll en rendant hommage à "Génène" avec "Good Bye Gene Vincent" et donne dans l’autobiographie avec son titre D.i.v.o.r.c.e. Bon, on ne peut pas toujours être au top.
À noter, en bonus, un super titre paru seulement en 45 tours intitulé Ne changeons rien, un texte musclé d’Eddy sur une musique non moins musclée de son compère Pierre Papadiamandis. Encore une réussite du duo.
Album C’est bien fait Album Après minuit Il ne rentre pas ce soir
Happy Birthday Rock’n’roll 1980 - Sound Emporium, Nashville et Muscle Shoals Sound Studios, Sheffield, Alabama
Un de mes albums préférés. Et ce n’est pas parce Couleur menthe à l’eau a dominé l’ensemble que le reste n’est pas au diapason.
Bon, je n’insisterai pas sur le slow d’anthologie de celle que beaucoup
considèrent comme sa meilleure chanson, même si ce n’est pas mon avis.
Je mettrai plutôt l’accent sur trois titres qui "envoient", manière Eddy-Papadiamandis, Happy Birthday Rock'n'roll, le titre phare au départ (comme quoi…), J'vous Dérange ?, altérité souveraine genre S’il n’en reste qu’un et "Faut pas avoir le blues"… et avec cet album, on ne l’aura certes pas !
Des belles ballades pour contrebalancer l’énergie des chansons précédentes, "Y'a Rien Qui Remplace Un Amour", " De Ville En Ville" et même " Miss Duval ".
Le Cimetière des Eléphants, 1982 - New York puis Nashville et Los Angeles
Le Cimetière des Eléphants, c’est la chanson titre qui a donné son nom à l’album. Une chanson aux super arrangements où le texte d’Eddy se love tout seul… dont il a fait deux versions, un à New York, l’autre à Los Angeles.
Album plaisir autant dans le rock assez soft de "Je saurai encore t’aimer" ou "J’ai déjà donné", dans le rock plus nerveux de "J’ai vendu mon âme au rock’n’roll", "Lucille" (adaptation de Michel Jonasz) et surtout "Change pas de look". Côté cool, un shuffle assez tendre " Elle ne rentre pas ce soir" (à ne pas confondre bien sûr avec "Il ne rentre pas ce soir") sur le rôle du destin et "L’amour est vraiment fort", dominé par un fort beau duo guitare-saxo.
Deux titres passés inaperçus méritent pourtant une mention : "Mauvaises Vibrations" sur la violence urbaine bien soutenu par le groupe de Charlie McCoy et "Tiens-Toi" sur l’alcoolisme évoqué sans complexe.
Album Le cimetière des éléphants Pauvre baby doll
Racines, 1984
Comme Rocking in Nashville marque le début (fracassant) de cette décennie 74-84, Racines en signe la conclusion. Album charnière qui marque aussi la fin de sa collaboration avec le groupe de Charly mac Coy et la maison de disques Barclay. Il navigue entre le style musical des années 80 et une tonalité plus rock.
Outre son titre clef "Comme quand j’étais môme",
quintessence de son style voix-piano parfaitement maîtrisé ici, c’est
un album très bien équilibré. D’autres titres ont fort bien marché
comme "Le blues du blanc", ballade jazzy au texte assez drôle et "Nashville ou Belleville", histoire d’un chanteur confronté à un dilemme "mitchellien".
Beaucoup de nostalgie aussi avec des titres moins connus comme "Rupture en VHS", "Ciné, rock et bandes dessinées", "Mes souvenirs, mes seize ans" et surtout une charmante ritournelle un rien autobiographique avec "L’idole qui chante au dessert".
À noter parmi les trois bonus qui nous sont proposés, le sublime "Pauvre Baby Doll" dans la veine des meilleurs textes d’Eddy, soutenu par la ligne musicale impeccable de Pierre.
Album Racines Comme quand j’étais môme
Notes et références
[1] Paroles françaises de Jean-Michel Rivat et Frank Thomas
[2] Voir ma fiche sur Il faut rentrer maintenant --
Voir aussi :