vendredi 7 mai 2021

Eddy Mitchell Quelques notes pour un portrait

              
                                                                  Si, si, c'est bien lui !

Voilà quelques touches pour esquisser un portrait en creux d'un homme qui se livre peu, sinon de temps en temps au hasard d'interviews,  sans doute à la recherche de notes couleur menthe à l'eau. 


Eddy Mitchell parlant littérature, c’est assez inédit me direz-vous. On le croirait plutôt féru de BD, les deux n’étant apparemment pour lui pas incompatibles. 

Dans la biographie écrite par Didier Varrot, "Il faut rentrer maintenant", il avoue être un fan de l’écrivain Céline dont il dit : « Voilà un écrivain qui assène une baffe magistrale à la littérature. En une phrase, il vous raconte ce qu’un autre mettrait deux chapitres à écrire. Si vous prenez le passage sur l’Amérique dans "Voyage au bout de la nuit", dès la première phrase on y est. Il arrive à New York et il écrit: "New York est une ville qui se tient debout". Voilà, tout est dit, c’est extraordinaire. »

                 

Concernant la cause des femmes, il nous livre son sentiment : « Je ne suis pas féministe mais l’évolution de la femme est l’une des plus belles évolutions qui soit parce qu’elle est juste. Je n’ai jamais compris l’inégalité des sexes. Nos grands-parents étaient vraiment à la ramasse pour accepter qu’une femme ne puisse pas avoir les mêmes droits qu’un homme. Le droit de vote, l’indépendance économique, la liberté de procréer ou non… Pour au moins cela, merci Mai-68. »

         
Les écrivains Louis-Ferdinand Céline (le préféré) et Tennessee Wiliams (le détesté)

Le cinéphile n'est plus à présenter mais le défenseur du western a aussi un regard critique sur certains aspects du cinéma comme on peut le constater à travers ces quelques remarques : « Avoir un avis définitif sur James Dean, qui n’a enchaîné que trois films, c’est aller un peu vite en besogne.» Ou bien : Soudain l’été dernier", [1] je m’endors au même moment. Et s’il s’agit de "Un tramway nommé désir", [2] j’ai du mal à garder mon sérieux. »
Décidément, Tennessee Williams et son théâtre sans doute trop intello à son goût, ce n'est pas sa tasse de thé.

Eddy adore aussi le cinéma italien, ce qui est moins connu. Pour le personnage et son rôle dans le film Les vieux Fourneaux par exemple, il dit dans une interview s'être inspiré de Mastroianni du film Divorce à l'italienne, l'idée des cheveux noir corbeau plaqués en arrière, je l'ai chipée au formidable film de Vittorio De Sica, Le renard s'évade à trois heures, paru en 1966.

       

Eddy dans "Coup de torchon"                          Les vieilles canailles

Sur le plan politique, on connaît son scepticisme, ce qu’il pense de François Hollande « l’ami molette » ou Sarkozy « l’ami talonnette ». Il observerait plutôt une certaine neutralité sans illusions, précisant : « Dès les années 60, la politique m’a donné la nausée. Je laissais courir, d’ailleurs je refusais de voter. L’idéal serait d’opter pour le vote blanc, à condition qu’il soit réellement comptabilisé dans les résultats électoraux. Un signal politique fort plus responsable que l’abstention. »

Mais quand même, le P’tit Claude de Belleville le titille toujours quand il précise : « Il est vrai que mon cœur serait plutôt à gauche. Mais quelle gauche? Aujourd’hui, j’en suis revenu. Non pas de tout, mais je suis tout de même désabusé en ce qui concerne la politique. (…) Je m’oblige à voter parce qu’il y a toujours le spectre du Front NationalMarine Le Pen est un tribun redoutable, méfiance! Et, excusez-moi de le dire, ce parti-là me fait toujours aussi peur. »
Une remarque qui a goût d’unité républicaine.


L’humour "schmolien" de la légende : « Pendant que vous y êtes, faites-moi la barbe ! » [3]

Et toujours cet humour plein d’ironie qui le caractérise, par exemple dans ce trait à propos d’un paparazzi pas vraiment doué qui avait refilé au journal "Voici" une photo prise sur une plage, le représentant accompagné de Muriel, sa femme légitime. Une photo avec cette légende: « Eddy Mitchell avec sa nouvelle compagne ! » Information que le journal n’avait pas cru devoir vérifier.
Conclusion d’Eddy : « J’aime tellement ma femme que je ne sors qu’avec ses sosies. »
Des mots qui font mouche... comme ceux de Céline.

              
Eddy  et Laurent Gerra                                Eddy et Muriel

Notes et références
[1] Film de Mankiewicz d'après une pièce de Tennessee Williams, sombre histoire basée sur la psychanalyse, avec Élizabeth Taylor, Katharine Hepburn et Montgomery Clift

[2] Célèbre film d'Elia Kazan d'après la pièce de Tennessee Williams avec Vivien Leigh et Marlon Brando, une histoire de ménage à trois assez lugubre dans le climat humide de La Nouvelle-Orléans
[3] Une caricature du futur Eddy, parue dans Risque-tout en 1956

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<< Christian Broussas • Eddy portrait © CJB  ° 06/05/2021  >>
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