Country Rock est le trente-neuvième album studio d'Eddy Mitchell, paru le 19 novembre 2021 sous le label Polydor Univeral et coréalisé par Pierre Papadiamandis et Alain Artaud.
Eddy et Pierre Papadiamandis
Voilà, avec ce nouvel album d’Eddy, une nouvelle page s’est tournée. Je suis un peu à son image, un album en noir et blanc où le noir domine. Pierre Papadiamandis nous a offert ici son dernier cadeau, sept musiques qu’il a signées sur les douze que compte cet opus.
Un petit peu d'amour Michel Gaucher avec Eddy
L’occasion de saluer une dernière fois celui qui nous a donné tant de
plaisir avec des musiques qui collaient si bien aux textes d’Eddy. Comme il disait dans la première chanson qui les a réunis en 1966 : « J’ai oublié de l’oublier. »
Heureusement, dans deux chansons, nous retrouvons la patte de deux "Vieilles" connaissances, Michel Amsellem et Michel Gaucher (mon dieu, que de souvenirs depuis l'époque où il a rejoint "Les Chaussettes" !), compositeurs des musiques de "Droite dans ses bottes" et "Ne parle pas de moi".
Le guitariste Basile Leroux Michel Amsellem
Cet album, c’est bien sûr "Un petit peu d’amour", hommage à Johnny, sans pathos, sans flagornerie, sans fioritures, comme Eddy
sait le faire avec son naturel désarment. Une chanson qui scelle
quelque soixante ans d’une amitié jamais démentie. Pour moi, scande-t-il
dans le refrain, « t’étais plus qu’un ami, un demi-frère, presqu’un sosie… »
Un petit peu d’amour pour une grande amitié, « puisque c’était lui, puisque c’était moi. »
Dans plusieurs de ses textes, Eddy nous entraîne dans des tonalités mélancoliques qui ma foi, nous vont assez bien par ces temps incertains. D’abord avec "Ma star de mes nuits", on le suit dans ses déambulations nocturnes, « mon étoile, ma mélancolie », étoile aussi belle qu’elle est lointaine.
Et le temps qui s’effiloche, qui fuit et nous fuit, un spleen teinté de solitude quand « le temps de l’oubli est venu » dans "Icône oubliée" ou qu’il vaut mieux « faire l’impasse sur l’temps qui passe » dans "Qué viva Las Végas".
Photo rediffusée en 2020 lors du décès de l’ancien batteur des Chaussettes noires Gilbert Bastelica qui avait succédé en 1961 à Jean-Pierre Chichportich.
Dans la droite ligne de « Il ne rentre pas ce soir », il aborde sans fausse pudeur des problèmes de société comme le viol et ses terribles conséquences dans "Droite dans ses bottes", l’existence du quotidien quand les rêves s’étiolent dans des tâches sans grand intérêt, quand l’horizon ne propose aucun « juste milieu, c’est l’enfer ou le 7ème ciel » dans "C’est la vie, fais la belle". C’est aussi une belle adaptation comme Eddy sait les faire, de You never can tell, une chanson de son cher Chuck Berry. [1]
Les "Blessures d'amour"
sont trop souvent des blessures d'enfance. Avec des mots simples, il
évoque les mots qui blessent, les grands moments de stress, les ombres
de tristesse.
Il a toujours une tendresse particulière pour les mauvais garçons, du genre de celui qui fait un casse et doit "garder ses nerfs" [2] ou de celui qui purge sa peine et dit « Ne parle pas de moi quand j'serai plus là. » Certains qui sont « nés dans le ghetto, pas dans un château » s'en sortiront peut-être, sauvés par la musique. Finalement, on est dans l'aléatoire entre « l'enfer et le paradis », alors... « roule, roule, roule, roulette russe. »
Dans "Je suis comme toi", on découvre un Eddy goguenard qui se moque de lui-même, espèce d'auto-portrait dont l'autodérision est comme une façon de prendre du recul. On sinue entre mauvaise foi et bonne conscience mais toujours « tu protestes, tu contestes, toujours prêt au combat, comme moi. »
Côté reprises, avec la chanson de Chuck Berry, Eddy nous propose son adaptation de Stardust [3], vieux succès s’il en est, sous le titre Ma star de mes nuits.
Côté musical, le « country rock » annoncé rejoindrait plutôt la couleur musicale qui est celle d’Eddy depuis les années deux mille. On retrouve ainsi dans sept chansons la "patte" de Pierre Papadiamandis, des tonalités parfois assez balancées pouvant se décliner en harmonies style crooner, le tout sur de superbes arrangements.
Un album sur la lucidité et la fuite du temps. Rafraîchissant et décapant.
Notes et références
[1] J’ai lu que c’était la dix-septième chanson de Chuck Berry qu’il reprenait. Mais quand on aime, on ne compte pas…
[2] sur une musique de Calogéro
[3] Composée par Hoagy Carmichael et Michel Parish
Voir aussi
► Ma fiche synthèse sur Eddy Mitchell --
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